Le 11 et 12 mars 2021 nous avons vécu (en forme virtuelle) une rencontre de professes de la Région Europe. Le thème : Annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile en ce temps de crise et d’ébranlement de l’Église. Christoph Theobald, jésuite, enseignant au Centre Sèvres, a introduit et accompagné notre réflexion.
Il nous a d’abord invitées à ne pas dramatiser la crise, puisque depuis le début de la Bible, nous constatons qu’elle fait partie de la vie. Elle serait à penser comme un déséquilibre relatif entre deux équilibres relatifs. Dans la tradition ignatienne la crise nous invite à faire mémoire, à relire, à vivre l’aujourd’hui et déjà percevoir l’avenir qui s’esquisse, dans une attitude qui ne sépare jamais les questions ecclésiales et sociétales. C’est dans ce contexte que nous accueillons l’appel de Jésus à transmettre l’Evangile comme une nouvelle de bonté inconditionnelle, radicale, toujours nouvelle, qui traverse un monde marqué par le Mal sous ses trois formes : mal-veillance, mal-adie, mal-heur. Et en nous rappelant cet aspect important : l’Evangile de Dieu est déjà mystérieusement à l’œuvre, en creux ou en attente, en ceux qui reçoivent l’annonce.
Puis, une nouvelle définition de la mission nous a été proposée : accéder à l’intimité de Dieu et « sortir » simultanément vers l’autre. La tradition chrétienne ne nous met pas seulement face à Dieu, mais elle est la seule à nous ouvrir à l’intimité abyssale même de Dieu. C’est en « Dieu » que nous trouvons l’autre en sa mystérieuse singularité ainsi que tous les autres et leur difficile « vivre ensemble » ; et c’est en « Dieu » que nous pouvons « sortir » de nous-mêmes, rencontrer l’autre en vérité et le rencontrer gratuitement. La mission devient alors expérience d’hospitalité que nous offrons et que nous quêtons acceptant le risque de nous affronter à l’altérité de l’autre, au malentendu, au conflit, pour qu’une patiente transformation de la figure de nos communautés et de l’Eglise soit possible.